Univers

Des Collections dessinées

Histoires en filigrane

Toutes mes collections naissent d’une image, d’un dessin, d’un instant.
Elles viennent d’un souvenir, d’un détail, d’une obsession du moment. J’ai toujours un appareil photo à portée de main, que ce soit en voyage ou lors d’une simple promenade. J’accumule des images comme on garde des cailloux dans une poche : feuillages, ombres, reflets… ce que j’appelle ma matière en devenir.
Et puis, un jour, sans prévenir, ça ressort. Comme une évidence. La collection Prunier est née ainsi, d’un travail photographique. Puis sont venus les insectes, avec leurs ailes graphiques, presque irréelles. Les libellules surtout, avec leurs nervures fines comme des gravures. La série des Promeneurs, elle, a commencé au téléphone, avec de petits croquis griffonnés machinalement. Des silhouettes esquissées, comme autant de scènes de vie, de rêveries discrètes. Les Chats, quant à eux, m’ont soufflé l’idée de saisir ces pauses inimitables qu’ils prennent avec une grâce nonchalante, dans un monde où rien ne presse.


De l’ailleurs au dedans

Il y a aussi l’appel du lointain.
Je suis née avec une valise pas loin. Mes parents voyageaient beaucoup, et j’ai grandi en Asie, ne posant mes valises en France qu’à l’âge de 10 ans. Ensuite, chaque année, deux à trois mois d’évasion. Ces allers-retours m’ont façonnée, nourrie, portée. L’Australie m’a profondément marquée. Un pays à la fois proche et déroutant : la vie semble familière, mais les moineaux sont remplacés par des perroquets, les cerfs par des kangourous. C’est comme voir le monde avec des lunettes déréglées.  Et ce peuple autochtone presque invisible et pourtant si présent par sa sagesse et son savoir. Et puis le Mexique, le choc culturel ! Quelle civilisation ! Ces temples gigantesques au milieu de la forêt. Et puis tellement d’autres pays et d’ailleurs. Ces civilisations qui nous poussent à déplacer notre regard occidental centré.


Le temps suspendu

Et puis le monde s’est arrêté.
Deux confinements ont passé par là… et avec eux, deux nouvelles collections ont vu le jour : Marguerite, en hommage à ce printemps étrange où les fleurs poussaient malgré tout. Envol, née d’une balade en bord de mer, juste avant le deuxième confinement. Un besoin d’air, de légèreté, de ciel ouvert.


D’autres souffles

Il y a eu les Koï, paisibles, contemplatifs.
La collection Cactus, souvenir du Mexique, de ses teintes profondes, de sa lumière tranchante.
Et enfin, mes bustes de femmes – un hommage aux amies de toujours, aux alliances solides et silencieuses, aux histoires d’amitié qui durent depuis plus de quarante ans.

Un panel de couleurs

J’aurais du mal à imaginer un monde sans couleurs. Je les aime toutes !

Les couleurs en céramique sont le fruit d’un long travail de pesée, de cuisson, de choix. Ce sont des moments où l’on se pose pour prendre le temps.

Chaque couleur a son histoire. Le moutarde, par exemple, était la couleur de la première terre que j’ai tourné dans mon propre atelier. J’étais encore rattachée à l’Icf (Institut de Céramique Française) dans un atelier loué à l’année et avec les professeurs à disposition. Un rêve. Je tournais donc de la faïence couleur moutarde. J’adorais sa couleur quand elle était encore un peu crue, pas tout à fait sèche, cuire comme on dit. Elle prenait la lumière de manière merveilleuse. Quand j’ai réussi à refaire cette couleur moutarde, j’étais aux anges.

Amoureuse des couleurs, j’ai même développé cette collection Berlingot constituée d’un camayeu de couleur dans les tons rouges, bleus ou roses posé sous formes de lignes ou librement caligraphiée. La collection Traces, aussi, est dans cette veine. J’aime l’idée du geste à la manière de Soulage.

Moutarde
Rouille